Les poèmes de Maître Carnassier

Les poèmes de Maître Carnassier

ça alors...



 «Tiens ? Qu’est-ce que ce point lumineux là-bas ? C’est étrange...»
Quelque chose d’inconnu vient de piquer ma curiosité.
Je suis dans le noir depuis des heures, plissant encore un peu mes yeux bouffis pour apercevoir le chemin que je dois suivre.
Cela fait longtemps que je ne me suis pas reposé, et les cernes enflent sur mes joues creusées par la fatigue du temps perdu.
Le sol est dur, très dur. Je pose mon pied en sang sur ce bitume qui s'effrite en bouts de gravier tout aussi solides.
Je pousse sur les os de ma jambe, cheville et mollet doivent faire preuve d’énormément de force pour me soutenir.
Et je continu de marcher, m’épuisant à chaque pas.
Moi qui avance ainsi tel un animal, le dos voûté et qui s'efforce de rester en vie.
Dans quel but ?
Des heures et des heures doivent être passées durant ma promenade nocturne, depuis que j’ai quitté mon salon.
Mais qu’est-ce que cette lumière si aveuglante au loin ?
Suis-je en fait coincée dans un long tunnel d’obscurité, où la lumière représente la délivrance et la paix de notre âme et tout à la fois le départ d’un proche pour ceux qu’on aime ?
Je ne sais pas... mais si, cela doit probablement être cela.
Une étoile venu m’annoncer personnellement la suite de mon destin.
Et tout en reprenant ma marche lente et régulière sur la pente, tout en supportant encore la douleur qui me fait courber les dos, je m’attarde finalement de le rejoindre, de me précipiter vers ce qui m’apportera la fin de ma souffrance.
Je porte un regard derrière moi. Les autres ne m’attendent-ils pas du côté sombre ?
Peut-être...devrais-je faire demi-tour. Peut-être n’est-ce qu’un rêve...
Une larme coule et roule comme une perle sur ma joue. Je m’empresse de l’essuyer du revers de la manche.
Le point éclatant de brillance grossit, se divise de loin en deux points... une porte vers le paradis ? et une porte vers l’enfer ?
Est-ce que le hasard serait le juge de notre vie présente ?
Alors que mon esprit était vide et plein d’ennuie, maintenant, des questions à n’en plus finir se heurtent violemment dans ma tête, fracasse mon crâne d’une migraine insoutenable.
Je m’appuie sur le bâton de bois qui me sert de canne.
Brave, brave compagnon, et tout en me tenant la tête, je détourne mon regard des lumières qui ont bien vite fait de remplir le ciel.
Alors, comme un éclair me fait clore les paupières pour de bon et quand je les rouvre...
Tout est noir. Et je n’arrive plus à distinguer quoique ce soit.
Surement qu’en détournant ma vue de la lumière, j’ai refusée toute offre de la bonté divine.
Je me retrouve alors dans le néant. Projetée. Ma respiration, auparavant trouble, se calme.
Je suis morte dans mon salon ?

--Coupure de presse du lundi 15 juillet, matin--
Décès d’une adolescente, d’un âge approximatif de 16 ans.
Brusquement renversée par une voiture en plein autoroute périphérique.
Elle avait subi un choc crânien dû au  lourd avant de somnoler entre vie et mort.
On n’a pu l'identifier, elle ne portait aucune pièce d’identité et son visage était défiguré par la roue de la 4x4 qui l’avait écrasée.
De plus, ce jour étant le jour du 14 juillet, fête nationale et un dimanche, personne n’a pu lui porter secours, et elle est morte après un long moment d’inconscience et d’agonie.



25/06/2011
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour